mercredi 9 février 2011

Jean-Pierre Duprey (1929-1959)



LES ÉTATS-RÉUNIS DU MÉTAL AUX CHUTES COMMUNES DU FEU

À l'intérieur de son caveau, l'Ogal a poussé ses mains comme des tiges. Ses ongles, retournés dans un creux de l'espace qui s'étend en creux, écorchent en lui le petit cœur rouillé jusqu'à l'odeur du sang.

La main s'étend par une blessure de la carcasse, la main à cinq langues fourchues, qui se fourchent, se fourchent, se fourchent, se fourchent...

Et c'est alors la vision du grand Brillant des flammes, hérissé de griffes et gestes durs... remontant, à force de tranchants, le cours d'un âge où bat, avec des décharges de lune noire, l'aile sifflante et perçante, l'aile, aux plumes-facettes, de l'oiseau-lame.

Et l'Oiseau-Noir relève la trace d'un grand incendie.
Le Passage-Noir garde les marques d'un oiseau de nuit.

C'est ici, disait une voix, c'est ici que j'apprends à défaire mon corps... J'ai déchiré mon corps, cette mâchoire autour d'un creux. Et mon geste, c'est l'espace cerné, le moule, en griffes radiées, réversible à l'image d'un gant de la nuit cloutée... Et je préfère m'ouvrir les mains.

Mes yeux se sont jetés partout, perçant le voir et le dormir.

Les fantômes, s'ils apparaissent, auront la couleur du vide de la demi-lune noyée sur le plan du métal.

Ce qui est rouge s'épaissira jusqu'à la consistance du noir.

Un soleil de demain, en sa chaleur de cruauté crispée, nous saisira DEMAIN, comme nous en reparlerons.

Adieu... et en meilleur forme... Comme les tombeaux se font vieux, si moi je rajeunis! Le Sombrefer, mon compagnon devenu fille par la grâce de la femelle d'acier et de la foudre de même sexe, le Sombrefer, mon éclaireur, aura des petits de ma mémoire.

(La Fin et la manière, 1959)

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