jeudi 23 août 2012

Roger Vitrac



C'EST PHYSIQUE


Oubli, désespoir, sang donné
Vitres comme autant de phosphènes
Dont tout mon corps est annelé
Insectes noirs, porteurs de laine

Garnissez de silence Écho
De cette démarche élastique
Dont le mouvement est repos
Et tout ce qu'il souffre, musique

Les grains de blé, les étincelles,
L'étamine au visage peint
Le bois, la pierre universelle
Le poil de rat et la mie de pain

Le ciel sur le globe qui glisse
Entre votre antenne et la lueur
L'aile coupée et la silice
Qui brille aux doigts de l'égorgeur

L'écharde, le plomb et le clou
Tous les sels de la pyramide
Conspirent à rendre plus flou
L'enveloppe où je me dévide

Fourmis du désenchantement
Dans mes yeux quelle fourmilière
Où passent deux nuages blancs
Plumes-statues ô mes paupières

Lentement vous décomposez
L'homme de sable que vous faites
Jardinière vous ratissez
Ma chair pour de nouvelles fêtes

O mémoire femme oubliée
C'est sur cette jonchée d'épingles
Que tu t'étais déshabillée

Oubli désespoir sang donné

(Roger Vitrac, Poèmes délirants)