vendredi 2 décembre 2011

Fernando Pessoa


Horizon

Ô mer antérieure à nous, tes frayeurs
Recelaient des coraux, des plages, des clairières.
Forcés les secrets de la nuit, de la brume
Serrée, des tourmentes endurées, du mystère,
Le Lointain ouvrait ses corolles, et le Sud sidéral
Resplendissait sur les nefs de l’initiation.

Ligne sévère de la lointaine côte –
Quand la nef se rapproche la falaise se dresse
De tous ses arbres là même où le Lointain n’avait que du néant;
La terre, de plus près, en sons et couleurs se déploie :
Enfin, quand on débarque, il y a des oiseaux, des fleurs,
Là où de loin n’était rien que l’abstraite ligne.

Voici le songe: voir les formes invisibles
De la distance vague, et, par de fort sensibles
Elans de l’espérance et de la volonté,
Aller quérir sur la froide ligne de l’horizon
L’arbre, la plage, la fleur, l’oiseau, la source –
Les baisers mérités de la Vérité.

(Fernando Pessoa, Message. Traduit du portugais par Michel Chandeigne et Patrick Quillier)

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